ENCOURAGEMENTS A ISRAËL, CENTRE ETERNEL DE L'ATTENTION DU MONDE
DISCOURS DE CHARLES TAZE RUSSELL A SON RETOUR
DE JERUSALEM EN JUIN 1910
* * *
Il y a plus de trente ans que j'ai mis de côté les enseignements de toutes les sectes chrétiennes regardant les juifs, les mahométans et les païens. Je ne pouvais croire plus longtemps que Jéhovah, notre Créateur, ait destiné ces milliers de millions de créatures à une éternité de tourments, parce qu'ils n'ont jamais accepté Jésus, le Sauveur du monde, comme leur Rédempteur. Au contraire, j'éprouvais une grande sympathie pour l'humanité en général, aveuglée par l'ignorance, la superstition et l'adversaire, et troublée par la diversité des croyances ; je crois que la sympathie divine pour ces multitudes est plus grande que la vôtre et la mienne. J'ai constaté que beaucoup partageaient ce même sentiment, mais abandonnaient la foi en la Bible, comme message divin. Par la grâce de Dieu, je ne fus pas entraîné par le courant d'incrédulité qui engloutit la classe intellectuelle de notre race et je retins fermement le témoignage des Écritures, qu'il n'y a aucun autre nom que celui de Jésus par lequel « nous puissions être sauvés » Actes 4 : 12. Une étude plus approfondie de la Parole de Dieu me révéla ce fait que, pendant quinze siècles, la chrétienté a mal compris les Écritures, en supposant que le présent appel adressé à l'Église — l'Israël spirituel — est le dernier mot du plan divin.
La
Bible enseigne clairement que Dieu a deux saluts distincts, devant être
accomplis par Jésus ; d'abord, la nature céleste, pour ceux qui, par la foi en
ce seul nom, sont cohéritiers avec Lui, participants de la nature divine ;
ensuite, la nature humaine parfaite, la perfection terrestre qui ramènera
l'humanité à l'image, à la ressemblance de Dieu qu'elle possédait lors de la
création du père Adam. Le péché et son châtiment, la mort ont graduellement
enlevé à l'humanité cette ressemblance avec Dieu, lui apportant en échange
la faiblesse et la dégénérescence. L’œuvre du Grand Messie sera la bénédiction
au monde racheté, par les influences salutaires du glorieux royaume de Dieu si
longtemps attendu et pour lequel nous avons toujours invoqué notre Père céleste
: « Ton règne vienne, ta volonté soit faite sur la
terre comme au ciel ».
«
POUR LE JUIF PREMIEREMENT »
Lorsque nous lisons dans la Bible que la faveur divine fut accordée pendant des siècles à Israël, comme peuple choisi de Dieu, nous devons en déduire que l'Éternel avait le droit de donner ses bénédictions à qui il voulait. Par conséquent, si Dieu déclare que, selon son plan, tous ses procédés doivent se manifester premièrement au Juif, il ne nous appartient pas de contester, ni de refuser ses faveurs, quels que soient les moyens par lesquels nous les recevons.
Le choix d'Israël dans le plan divin ne signifie pas nécessairement une supériorité de cette race ; Dieu ne lui applique-t-il pas l'épithète de peuple au cou roide, de famille de rebelles ? Et ne dit-il pas qu'il se sert d'Israël et s'en servira encore dans le but de montrer sa gloire et la puissance de sa grâce ; de prendre « des choses faibles de ce monde », et, par le pouvoir transformant de sa vérité, de s'en servir pour les bénir et en relever d'autres. Telle fut la promesse de Dieu à Abraham, Isaac et Jacob. C'est une erreur commune parmi les chrétiens de supposer que cette promesse a été révoquée par le Tout-Puissant ; c'en est encore une autre de croire que la chrétienté a hérité d'elle. Aucune promesse céleste n'est mentionnée dans la loi et les prophètes, de la Genèse à Malachie ; prenons par exemple la promesse à Abraham : « Lève les yeux et du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l'orient et l'occident, car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours » Gen. 13 : 14, 15. Israël n'a pas encore reçu cette grande bénédiction, et par suite, les nations n'ont pas encore hérité les bénédictions de la faveur divine et la vie éternelle, comme accomplissement de l'alliance de Dieu avec ce peuple. Cependant, cette promesse est aussi vraie aujourd'hui que lorsqu'elle fut faite. St. Paul déclare que « les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance » — Rom. 11 : 29.
Comment donc devons-nous comprendre la présente condition d'Israël et les faveurs de Dieu parvenues aux nations ? C'est tout simple : Dieu avait un plan secret concernant l'Israël spirituel, qu'il ne révéla ni à Abraham, ni aux prophètes. Lorsque le peuple d'Israël constata que l'alliance de la loi ne lui apportait pas la vie éternelle et que son médiateur Moïse était incapable d'effacer leurs péchés, mais que ceux-ci devaient être expiés pour chaque année le dixième jour du septième mois, alors, Dieu lui donna une explication. Son message envoyé par le prophète Jérémie 31 : 31-33 était : « Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où je ferai avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda, une alliance nouvelle, non comme l'alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d'Égypte. Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leurs cœurs ».
Déjà
le prophète David avait prédit qu'un plus grand roi que lui exalterait Israël
à une position proéminente dans le monde, et que le Règne messianique exercé
par Israël lui-même serait la bénédiction divine pour toutes les nations.
Dès lors, l'espérance d'Israël se concentrait dans le plus grand Médiateur,
le Messie, qui ferait pour les Israélites ce que le grand législateur Moïse
n'avait pu faire : les amener en harmonie avec Dieu, leur donner la vie éternelle,
et se servir d'eux comme de canaux de miséricorde et d'instruction envers le
monde.
LE MYSTERE CACHE
En faisant remarquer le fait que le grand Messie des Juifs, l'antitype de Moïse est vraiment le grand Roi de gloire qui doit bientôt assumer le gouvernement du monde réintégrer Israël dans les faveurs divines, et, par Israël, établir un royaume qui doit durer mille ans, pour bénir effectivement toutes les familles de la terre — les vivants et les morts — nous ne faisons qu'exposer la grande espérance d'Israël ; mais, comme tout ce que Dieu fait, cette espérance est plus grande que, soit les Juifs, soit les Gentils, ne l'ont imaginée. Nous pouvons voir maintenant cette question dans sa vraie beauté parce qu'est venu « le propre temps » pour dévoiler le mystère à tous.
Rappelons-nous que le grand Messie attendu par Israël doit être un plus grand Roi que David ou Salomon. David, lui-même s'exprime ainsi : « L'Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied » Ps. 110 : 1. Cela n'implique-t-il pas que le Messie à la droite de Jéhovah sera beaucoup plus grand que David le grand roi d'Israël ? — Assurément ; de même comme sacrificateur, il occupera une plus haute position qu'Aaron, ainsi qu'il est écrit : « L'Éternel l'a juré, il ne s'en repentira pas. Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech », un grand sacrificateur, un prêtre royal devant lequel Abraham se prosterna et duquel il reçut une bénédiction. Et cependant, Melchisédech n'était qu'un type, représentant le grand Messie qui sera roi et sacrificateur.
Souvenons-nous
aussi que tout grand qu'ait été Moïse comme homme de Dieu, il était
simplement un homme et non un Messie ; un type, une illustration du Messie,
comme l'alliance de la loi préfigurait la nouvelle alliance que doit établir
« après ces jours » le plus grand Médiateur.
Moïse avait annoncé qu'il n'était qu'un type ou une figure du Moïse
antitypique,
disant aux Israélites : « Le Seigneur votre Dieu vous
suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi ; vous l'écouterez dans
tout ce qu'il vous dira et quiconque n'écoutera pas ce prophète sera exterminé
du milieu du peuple. » Le grand Messie d'Israël, le Roi de gloire, sur
le degré divin, le reflet, l'empreinte de la personne de Jéhovah prendra sous
peu possession du trône de la terre et établira le royaume d'Israël. Il est
le Moïse antitypique, le Fils et le Seigneur de David, le vrai Melchisédech et
sacrificateur sur son trône. Le « mystère caché
» est que ce grand Prophète, Sacrificateur et Roi n'est pas un homme, mais le
fils de Dieu sur le degré spirituel ; de plus, ce grand Messie est composé de
plusieurs membres dont il est la tête. Ces membres furent premièrement
choisis parmi les Juifs, ensuite, parmi les nations. Le Messie est désigné
pour établir le royaume de Dieu sur la terre et détruire le péché, Satan et
la mort ; ses membres élus sont symboliquement appelés son épouse. La sélection
de l'épouse du Messie a été faite tranquillement et ni les juifs, ni les chrétiens,
ni les païens n'ont connu ce trait du plan divin, bien qu'il soit écrit tout
entier dans la Bible. A nous tous il a été un mystère caché, jusqu'à ce
que, au temps voulu, Dieu ait ouvert les yeux de notre entendement ; maintenant,
à mesure que nous entrons en harmonie et en complète soumission avec lui, la
connaissance de ce mystère nous est donnée. L’œuvre d'élection et de choix
de l'épouse est presque complète et constitue la semence spirituelle d’Abraham
dont il est écrit : « Toutes les familles de la terre
seront bénies en toi. » « Ta semence sera
comme les étoiles du ciel et comme le sable de la mer.
» La semence
spirituelle est représentée par les étoiles du ciel ; la semence terrestre
par le sable de la mer. Les promesses de Dieu sont certaines pour les deux
semences — Hébr. 11 : 12.
LA NOUVELLE ALLIANCE D'ISRAËL EST PROCHE
Aussitôt que la semence spirituelle d'Abraham sera complète, la nouvelle alliance de Dieu déploiera ses effets envers la semence terrestre, légitime d'Abraham, — Israël. Autrefois Dieu favorisa ce peuple ; les Israélites furent seuls reconnus d'entre toutes les nations ; plus récemment, par rapport à la semence spirituelle, les premiers membres choisis furent des Israélites ; dans l'avenir, les Juifs seront encore les premiers qui rentreront dans les bonnes grâces de Dieu : « Aux temps du rétablissement de toutes choses », qui commenceront aussitôt que le Messie aura été révélé en puissance et en gloire.
J'ai beaucoup de sympathie pour les Juifs dans leur incrédulité envers Jésus. Avec leur esprit rempli de pensées de la gloire du grand Messie qui devait conquérir le monde, établir l'étendard divin sur toute la terre et élever tous les peuples, en se servant d'eux, Juifs, combien il leur fut alors difficile de croire que ce Jésus de Galilée, entouré de simples pécheurs, ses disciples, était le Messie ? Ils ne voyaient pas que les prophéties parlaient à la fois de ses souffrances et de sa gloire ; qu'il fallait qu'il rachetât son peuple avant de pouvoir le délivrer de la puissance du péché et de la mort ; que pour cela, il devait être l'Agneau de Pâque immolé pour leur délivrance, la victime expiatoire, l'antitype du taureau sacrifié pour le péché d'Israël et du monde entier avant que le plan divin puisse se développer et le temps de bénédiction commencer.
Non seulement Jésus devait souffrir comme étant le serpent antitypique élevé sur une perche et un meilleur sacrifice que ceux de la loi et du système mosaïque, mais encore, ceux qui seront associés avec lui doivent, comme lévites et prêtres antitypiques, partager ses souffrances et sacrifices pour les péchés avant qu'ils soient trouvés dignes de partager avec lui les gloires du degré spirituel et l’œuvre de bénir et de sauver le monde sur le degré terrestre. Tout ceci avait été clairement annoncé par les prophètes, mais nos yeux ne l'ont pas vu. Lisez Malachie 3 : 1, 2 par exemple : « Voici, j'enverrai mon Messager, le Messager de l'alliance que vous désirez : voici, il vient dit l'Éternel des armées, qui pourra soutenir le jour de sa venue ? — Qui restera debout quand il paraîtra ? Car il sera comme le feu du fondeur, comme la potasse des foulons. Il s'assiéra, fondra et purifiera les fils de Lévi ; il les épurera comme on épure l'or et l'argent, et ils présenteront à l'Éternel des offrandes avec justice. »
Tous ces Israélites spirituels doivent êtres sacrificateurs et lévites antitypiques d'Aaron, ses fils et la maison de Lévi ; ce ne sera pas avant que l’œuvre de trouver et compléter l'Israël spirituel soit terminée que le temps viendra pour Dieu de ramener dans ses faveurs l'Israël selon la chair, pour s'en servir comme moyen de bénédiction envers toutes les familles de la terre, en harmonie avec l'alliance faite à Abraham. Bien loin donc de penser que nos frères Juifs morts souffrent des tourments éternels, nous devons nous rallier à l'enseignement de la Bible sur ce sujet, c'est à dire, qu'eux et le reste de la race humaine sont simplement morts, endormis, jusqu'à ce que le Messie établisse son royaume et rappelle de la prison de la mort, les milliers de millions qui y dorment.
La Bible nous dit que la
première résurrection sera pour la sacrificature royale qui sera associée
avec le Messie sur le degré spirituel. Ensuite, viendront Abraham, Isaac et
Jacob et tous les anciens prophètes qui seront ressuscités dans la perfection
humaine de laquelle ils ont été reconnus dignes par l'obéissance de la foi.
Le Messie, comme le dit la Bible, les établira princes et gouverneurs sur toute
la terre ; associés à ceux-ci, viendront les vrais Israélites, lesquels, avec
les yeux de leur entendement, se réjouiront en Jéhovah et en son glorieux
Fils, Rédempteur et Médiateur et en son glorieux royaume. Ils auront le
privilège du relèvement du péché et de la mort à la perfection et la vie éternelle.
De plus, l'espérance de tous les peuples, de toutes les nations repose sur
cette même nouvelle alliance que Dieu fera avec Israël en remplacement de
l'alliance mosaïque. Pour partager les
bénédictions de cette alliance toutes
les nations devront devenir de « véritables Israélites
». Ainsi, au terme du règne des mille ans du Messie, la postérité
d'Abraham sera « comme le sable de la mer
».
Il n'y aura plus que la postérité d'Abraham, selon ce qui est écrit : « Je
te rends père d'une multitude de nations
» — Gen. 17 : 5.
LE MESSAGE A JERUSALEM
Me trouvant récemment à Jérusalem, j'eus le plaisir de répondre à une invitation, de m'adresser à des croyants juifs, mahométans, catholiques et protestants, en prenant pour texte ces mots d'Esaïe 40 : 1-2 : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que sa servitude est finie, que son iniquité est pardonnée : qu'elle a reçu de la main de l'Éternel, au double pour tous ses péchés. »
J'éprouvais
en mon cœur une grande sympathie pour eux tous, réalisant que les barrières
des diverses confessions de foi étaient pour la plupart créées de
l'Adversaire, par suite d'une fausse compréhension du plan et du caractère
divins, et non d'une opposition envers Dieu.
BONNE NOUVELLE
A tous j'ai donné le message que Dieu envoya par les anges il y a dix-huit siècles, disant : « Voici, je vous annonce une bonne nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. » Je leur ai fait remarquer le fait que malgré la diversité de leurs croyances, ils avaient tous regardé, par anticipation, à un meilleur jour. Quand ce jour arrivera comme Dieu l'a annoncé par les prophètes, il sera le « désiré de tous les peuples » — c'est ce qu'ont désiré et attendu toutes les nations — le meilleur jour, l'âge d'or. Sur ce terrain, tous étaient d'accord.
M'adressant
surtout aux Juifs, le peuple choisi de Dieu, je leur ai montré que le glorieux
royaume du Messie pour lequel ils ont si longtemps prié et attendu est sûrement
proche, même à la porte ; que les espérances d'Israël ayant pour fondement
les promesses divines doivent certainement être réalisées ; que les bénédictions
de Dieu doivent également venir sur toute la terre par la semence d'Abraham et
le privilège accordé à toutes les nations d'entrer dans la nouvelle alliance
d'Israël, de laquelle le Messie en gloire sera le Médiateur, Prophète,
Sacrificateur et Roi. Ensuite, je me suis efforcé de leur faire comprendre,
d'après les prophètes, la cause de leur attente, du délai de leurs espérances
: « Consolez, consolez mon peuple ! »
LE DOUBLE D'ISRAËL
Je leur ai dit, comme je vous le dis maintenant, que la Bible nous informe d'une façon très nette que le peuple d'Israël est l'héritier spécial de Dieu. L'Éternel n'a pas rejeté à jamais son peuple ; il lui a seulement retiré ses faveurs pour un temps et pour un certain but. Cette période de défaveur est clairement énoncée par les prophètes, ainsi que nous le verrons.
L'histoire
d'Israël, comme nation commença à la mort de Jacob. La période qui s'étend
de cette époque à l'établissement de la nation comme représentant
terrestre du pouvoir divin se divise en deux parties égales : d'abord, Dieu lui
accorda des privilèges et des faveurs, puis il les lui supprima. Nos frères
Hébreux reconnaissent franchement ces faits. Remarquons ce « double
» dans les expériences d'Israël comme il a été prédit par trois de leurs
plus grands prophètes :
I. Par Jérémie, l'Éternel déclare qu'à cause de l'infidélité d'Israël, Il les rejetterait et les disperserait parmi toutes les nations et après qu'ils auraient reçu un temps de défaveur égal à celui de leur faveur, Il les ramènerait et accomplirait envers eux les bonnes promesses faites aux pères — Jérémie 16 : 13-18.
Il. Par le prophète Zacharie 9 : 9-12 l'Éternel annonce le jour même qui marquerait le point tournant du « double ». Ce jour était avril 33, lorsque Jésus, monté sur un âne, accomplit cette prophétie.
III. Dans notre texte Ésaïe 40 : 1-2, l'Éternel marque la fin du « double » d'Israël ou seconde expérience de défaveur.
Ces
doubles ne se rapportent évidemment pas à un double de sévérité, ou double
de ce qui leur était justement dû, mais à un double de temps. D'après notre
compréhension de la Parole, ce double de temps fut atteint en 1878, date à
partir de laquelle 37 ans de faveurs divines et de relèvement graduel les amène
à 1915, à la nouvelle alliance promise par Jérémie 31 : 31 — (Comparez
avec Rom. 11 : 25-32.)
PREDICATION A JERUSALEM
A l'occasion de notre visite antérieure, il y a dix-huit ans, nous cherchâmes en vain une occasion de faire entendre ce message de paix, nous ne trouvâmes pas d'oreilles pour entendre, mais plutôt du ressentiment. Cette fois-ci, nous fûmes sollicités de faire un discours et un Hébreu mit gratuitement à notre disposition la meilleure salle de Jérusalem. Nous fûmes écoutés avec la plus grande attention par des Hébreux, des Arabes, des catholiques et des protestants. Parmi les auditeurs se trouvait le Dr. Lévy, trésorier et directeur général des Sionistes. Il s'exprima librement et demanda : « Pourquoi d'autres chrétiens ne nous donnent-ils pas un mot d'encouragement, pour nous montrer qu'il nous reconnaissent comme le peuple de Dieu ? » Lui et d'autres Hébreux regrettaient que notre message n'ait pas été entendu par tous leurs coreligionnaires comme encouragement et stimulant pour leur foi. Apprenant que nous voulions donner notre présente adresse, le Dr. Lévy offrit de communiquer avec les Hébreux les plus éminents de la ville, les engageant à être présents.
Le
mouvement Sioniste n’avait pas encore commencé lors de notre premier voyage.
Aujourd'hui, par tout le monde les Hébreux sont remplis de désirs ; le feu du
patriotisme commence à brûler. A la dernière assemblée des Sionistes, il fut
décidé de transférer toutes les affaires de l'association en Palestine, comme
quartier général et que lors de futures conférences le pur hébreu seulement
serait parlé par les délégués ; le Yiddish, (jargon hébreu) tombe en disgrâce.
La Palestine et particulièrement Jérusalem se relèvent des cendres du passé.
Une nouvelle espérance vient dans les cœurs de beaucoup qui avaient presque
cessé d'espérer en la consolation d'Israël.
LES
AMELIORATIONS MATERIELLES
D'un bond, l'agriculture subit une grande transformation : au lieu de labourer avec la charrue en bois primitive, tirée par un bœuf ou un chameau et quelquefois par un âne, on commence à se servir d'instruments perfectionnés, des derniers systèmes, d'une charrue à vapeur, par exemple. La « Cie commerciale orientale » à Jaffa vient d'importer et d'établir une de ces machines qui est capable de labourer, herser et ensemencer 40 arpents par jour. Vient ensuite l'appareil à moissonner et battre, actionné par la même machine.
Les Arabes vendent leurs propriétés aux Juifs. Une loi votée récemment exige que les taxes soient dorénavant payées en argent et non comme jadis avec une part de la récolte ; cela signifie que ceux qui possèdent le titre doivent cultiver le terrain, que les terres incultes doivent être rendues productives.
A l'intérieur des murailles, il n'y a pas de changement appréciable, mais en dehors, beaucoup d'argent a été dépensé, de nombreux bâtiments publics et privés ont été construits : c'est la Jérusalem moderne.
Nous
dirons, pour qu'on nous comprenne bien, que nous ne croyons pas que le plus
grand nombre des 8 millions des Juifs retournent actuellement en Palestine ; la
plupart n'aiment pas quitter leurs confortables demeures pour le pays de la
promesse. Selon notre compréhension des Écritures, nous pensons que les Juifs
les plus sérieux et les plus fidèles profitent maintenant de la liberté de
retourner en Palestine, octroyée par le nouveau gouvernement turc ; les persécutions
dont ils sont l'objet, en Russie et ailleurs leur rendant le pays de la promesse
plus attrayant. Un peu plus tard, quelques-uns des plus riches parmi les Hébreux
prévoyant la détresse partout iront à Jérusalem comme à la cité de la
paix. Ce ne sont pas là des spéculations, mais des interprétations des
prophéties
juives. Pendant notre voyage, le gouvernement russe a ordonné le départ de
20.000 Juifs de Kiew, d'autres ordres de départ suivront sans doute. [Il est
question aussi de restaurer le jardin d'Éden, la Mésopotamie, le pays entre
l'Euphrate et le Tigre — Réd.]
LA NOUVELLE JERUSALEM
Le prédicateur frère C.T. Russell a rappelé à ses auditeurs que les chrétiens ont un grand intérêt dans ces choses parce que la période de défaveur et de rejet des Juifs a été la période de faveur chrétienne. C'est pendant le temps que l'Israël charnel a été rejeté que le rassemblement de l'Israël spirituel s'est effectué et le retour en faveur de l'Israël selon le chair signifie que l'Israël de Dieu (l'Église) à été élu, choisi. Ceci est d'une grande importance pour nous, car il reste très peu de temps pour affermir notre vocation et notre élection comme semence spirituel d'Abraham — Gal. 3 : 29.
Nous
nous intéressons vivement à la Jérusalem terrestre et à la prospérité
qu'elle aura bientôt, quand, sous le règne du Messie, elle sera devenue la
capitale du monde : cependant nous sommes plus profondément intéressés
dans la Jérusalem céleste, l'église glorifiée, la montagne de Sion.
« De Sion sortira la loi et de Jérusalem la parole de l'Éternel ».
Aucune des nations de la chrétienté ni aucune congrégation ne constituera
la nouvelle Jérusalem. Le Seigneur choisit parmi tous les peuples, les sociétés
religieuses, associations cultuelles « un petit
troupeau » auquel il dit : « Ne crains point
petit troupeau, il a plu à votre Père de vous donner le royaume. »
—
Une
fois ce petit troupeau trouvé, complété, éprouvé et glorifié, le temps
viendra pour l'établissement du royaume du Messie sous tous les cieux. Il régnera
sur le monde pendant mille ans pour détruire le péché et la mort et pour
relever l'humanité à la perfection humaine réelle, à la ressemblance et à
l'image de Dieu.
ANCIENS PERSONNAGES EMINENTS D'ISRAËL
Les instruments par lesquels ce royaume spirituel et invisible opérera parmi les hommes seront les anciens héros d'Israël. Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes, dit Jésus, assis dans le royaume. Étroitement associés avec eux, seront les Juifs, Israël selon la chair. Dieu ouvrira les yeux de leur entendement et les oreilles de leurs cœurs ; ils recevront l'instruction nécessaire et les bénédictions de rétablissement qui commenceront par eux suivant l'alliance que Dieu conclut avec eux. — Tous ceux qui voudront jouir de ces bénédictions divines se rassembleront sous leur étendard et par la circoncision du cœur et la consécration de leur volonté, deviendront Israélites, prosélytes, enfants d'Abraham ; mais ceux qui refuseront de se soumettre à l'arrangement divin alors établi, mourront de la seconde mort, seront anéantis comme pécheurs incorrigibles. Ceux qui adhéreront volontairement au royaume du Fils de Dieu seront bénis, comme la postérité d'Abraham et élevés de degré en degré jusqu'à la perfection et la vie éternelle.
Pendant
le Règne messianique, la terre aussi sera bénie, sa production deviendra plus
abondante ; elle sera le paradis restauré, le marchepied de Dieu rendu glorieux
selon la promesse. A la fin, l'humanité entière sera la semence d'Abraham dont
le nombre sera comme le sable de la mer, tandis que l'Israël spirituel sera
comme les étoiles du ciel. Alors la volonté de Dieu sera faite sur la terre
comme au ciel ; il n'y aura plus désormais ni mort, ni cri, ni deuil, les
choses anciennes sont passées et toutes choses auront été faites nouvelles.
« Toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la
terre, sous la terre et sur la mer... diront : A Celui qui est assis sur le trône
et à l'Agneau soient la louange, l'honneur, la gloire et la force aux siècles
des siècles » — Apoc. 21 : 4, 5 ; 5 : 13.
T. de G. décembre 1910 p.
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