L'ÉLÉVATION DE SION - suite
Suite de la newsletter du 1er
juin
RÉPIT TEMPORAIRE
La superstition de l'Âge des Ténèbres recula
devant l'avancée de la
pensée de la Renaissance, et une plus grande partie de l'Europe fut
transformée par les bouleversements de la Réformation chrétienne.
Tandis que l'Europe s'installait dans un modèle religieux changé, de
nouveaux droits vinrent au peuple, de nouvelles libertés dont une
bonne part de la société juive tira un grand avantage. L'Hassidisme,
en Europe de l'Est, s'attacha à la piété, à la tradition et à la
langue Yiddish, mais ailleurs, les esprits les plus libéraux de la
Haskalah embrassèrent les principes du Siècle des Lumières européen
et de l'essentiel de la culture occidentale. L'émancipation
spirituelle, qui se fit jour d'abord avec l'adoption des Lois de Virginie
sur la Liberté religieuse en 1786, par les États-Unis d'Amérique
nouvellement constitués, fut d'un profit particulier. Au même moment, le
mouvement croissant de réformation du Judaïsme, joint avec de plus
grandes occasions favorables pour l'assimilation dans des pays plus tolérants,
élargissait d'autant plus la nature de la judéité dans la société
occidentale.
LA PREMIÈRE « ALIYAH »
Dans une violente éruption supplémentaire
d'antisémitisme, les
pogroms (pogrom — dévastation ; massacres) de la Russie du dix-neuvième et du début
du vingtième siècles apportèrent la terreur au peuple juif là-bas,
et entraînèrent une autre émigration de masse. Tandis que beaucoup
cherchèrent la liberté dans des pays où la prospérité était établie
et où l'émancipation juive était gagnée, il n'en fut pas ainsi parmi
les quelques fidèles. Des groupes tels que le BILU (initiales hébraïques
pour « Maison de Jacob, viens et allons
») et Hibbat Sion (hébreu
pour « amour de Sion ») promurent un retour en Terre Sainte,
et développèrent des plans pour l'établissement sur place ; et l'année
1882 vit en Palestine le début d'une vague d'immigration alors que la
première
« Aliyah » (montée) se mettait en marche.
De plus, les oublieux recherchèrent une
rapide prospérité et, fréquemment,
l'assimilation dans la société établie et prospère des Gentils, mais
les quelques fidèles recherchèrent leur Pays négligé et son antique
Promesse. Sur une terre désolée, pierreuse, et avec quelques outils
primitifs, une poignée d'hommes nettoya, creusa, irrigua et planta avec
la foi ; et, par ceux-ci, le Sionisme commença à émerger de son passé
plombé dans la promesse d'une brillante ère nouvelle. Le temps était
arrivé pour D.ieu de favoriser Sion. « Mais toi, Éternel ! tu
demeures à toujours, et ta mémoire est de génération en génération.
Tu te lèveras, tu auras compassion de Sion ; car c'est le temps d'user de
grâce envers elle, car le temps assigné est venu. Car tes serviteurs
prennent plaisir à ses pierres, et ont compassion de sa poussière »
(Ps. 102 : 12-14).
LE MOUVEMENT MODERNE
Le mouvement sioniste moderne fut édifié sur le fondement immuable des
aspirations juives pour leur terre natale. Depuis le début du dix-huitième
siècle, les « Rebbes », conducteurs charismatiques et rabbins
des Hassidismes parlant le Yiddish, aidés par la lassitude d'esprit, le
danger constant de persécution et la pauvreté accablante de leur
troupeau parmi les exilés orientaux, avaient gardé vivante l'espérance
d'un Retour. Ceci en poussait quelques-uns à faire de temps en temps des
tentatives courageuses mais grandement inefficaces pour se réinstaller
dans leur ancien Pays ; mais c'étaient les premiers temps. Le « temps
assigné » (Ps. 102 : 13) était encore à venir et cet ingrédient
religieux essentiel d'origine largement hassidique, n'ayant aucun support
logistique, fit peu de progrès dans l'encouragement à une réinstallation
effective. Même ainsi, il garda vivantes une Vision et une Espérance.
En 1878 le Congrès des Nations de Berlin, résultant spécialement des
efforts de Benjamin Disraeli, décréta une amélioration aux restrictions
imposées aux Juifs de Palestine. Alors, de Vienne et de l'influence de la
Haskalah en Europe Centrale, arriva une nouvelle approche dans la Science
du gouvernement du grand champion du Sionisme, Théodore Herzl. Son point
de vue, que l'établissement d'un état juif souverain était la seule
solution au problème juif (exprimée dans son livre Der Judenstaat —
l'État Juif, publié en 1896), commença a émerger en tant que concept
politique réaliste à partir du premier Congrès Sioniste à Bâle en
1897. Le mouvement moderne était ainsi lancé comme une solution
politique, et non pas religieuse, au vieux problème du Juif sans terre
natale.
La mort prématurée d'Herzl en 1904 fit
chanceler le travail des
premiers pionniers oeuvrant à l'émancipation des Juifs, et fit vaciller
le mouvement sioniste ; mais une nouvelle vigueur lui fut donnée par un
message arrivant d'un côté tout à fait inattendu. En 1910, un chrétien,
le Pasteur Charles Taze Russell, un Gentil, ami du peuple juif, un grand
étudiant de la prophétie hébraïque, écrivit douze articles sous le
titre « le peuple choisi de D.ieu », qui suscitèrent une
grande curiosité et un grand intérêt parmi les Juifs. Dix-neuf ans plus
tôt, soit six ans avant que se tint le premier Congrès Sioniste, et
alors que même l'œuvre de Herzl était peu connue, C.T. Russell avait
inclus dans son livre « Que Ton Règne Vienne » un long
chapitre intitulé « Le Rétablissement d'Israël ».
Les douze articles du Pasteur Russell, qui parurent dans le journal
largement répandu « Overland Monthly » (publié à San
Francisco,
USA, par le journaliste et auteur bien connu Francis Bret Harte),
conduisirent son auteur à être invité à s'adresser à un grand meeting
juif à l'hippodrome de New York cette même année 1910. Plus de 4000
représentants Juifs y assistèrent, et furent élevés et inspirés
tandis qu'il leur parlait de leurs propres prophéties hébraïques, les
assurant du retour de la faveur divine et d'un glorieux avenir pour Israël.
En vue d'étendre l'intérêt parmi les Juifs, il publia un journal spécial
en Yiddish, « Die Stimme » (La Voix). Comme résultat, lui et
ses coouvriers suscitèrent un nouvel intérêt pour les prophéties, et
rallumèrent les feux du zèle sioniste sur un plan religieux. On se
demande pourquoi il figure si rarement dans la littérature sioniste
juive.
En 1914 la Grande Guerre éclata en Europe, et les hostilités débordèrent
au Moyen-Orient. L'année 1917 vit les Turcs, une suzeraineté impitoyable
contre les Juifs, fuir la Palestine devant l'avancée du Corps expéditionnaire
britannique depuis l'Égypte, sous le commandement du général Allenby.
Il n'y eut pas d'engagement des forces et, comme par miracle, la ville de
Jérusalem fut laissée intacte.
Venant des Pripet Marshes de Minsk — une société Yiddish — et de
l'abjecte pauvreté du District de Colonie en Russie, arriva le garçon
destiné à être le champion suivant de la cause sioniste. Chimiste,
inventeur, sioniste de longue date et, plus tard, ami d'hommes d'État
britanniques, Chaim Weizmann utilisa tous les arguments et les occasions
disponibles pour garantir un Foyer national pour le peuple juif. En
1917, en dépit de l'opposition de Juifs assimilés influents, ses
efforts furent récompensés par la Déclaration Balfour, publiée cérémonieusement
par le Gouvernement Impérial Britannique, qui « envisageait
favorablement » la cause sioniste. Par conséquent, à partir de
cette même année, tandis que le sang et la richesse de la chrétienté
s'écoulaient sur les champs de la bataille des Flandres, la Terre
promise à Abraham et à sa semence était débarrassée de l'occupation
païenne, et les Juifs, soutenus par le pouvoir d'un empire étranger
comme au temps de Cyrus, étaient orientés à considérer un retour dans
la Terre promise. Après des années de négociation, en 1922, la Société
des Nations nouvellement constituée, approuva un mandat sous lequel la
Grande-Bretagne superviserait l'établissement d'un Foyer national pour
les Juifs, en Palestine.
Pendant l'entre-deux guerres, une violente opposition arabe, une hésitation
britannique, une inflexibilité européenne et l'indifférence de nombreux
Juifs riches assimilés pervertirent le dessein du Mandat. Weizmann
affirme que la terre avait été achetée à des Arabes mercantiles dans
un marché ouvert, non pas avec la richesse des millionnaires, mais avec
l'argent des poches des Juifs pauvres. Zorobabel et Néhémie auraient
sans nul doute compris, se souvenant de leurs propres expériences d' « Aliyah »
au temps des rois perses. Des militants et Sionistes inflexibles, tels
que Trumpeldor et Jabotinsky, travaillèrent inlassablement à soutenir
les Juifs fidèles et durement opprimés, et leurs desseins encore
visionnaires dans le Pays, durant les années d'hésitation britannique.
Alors, Hitler entra en scène, et la guerre et l'Holocauste. Avant la
guerre, l'appel du Sionisme, même face à la montée de l'antisémitisme
allemand, n'avait pas eu de succès parmi les Juifs. Les riches
formaient un tissu tellement serré dans la structure de la société
européenne qu'ils se sentaient en sécurité, considérant la
propagation des idées sionistes comme du fanatisme, de l'extrémisme,
et une menace pour leur situation confortable. Les ouvriers étaient
embarrassés, le travail hésitait, et alors il fut trop tard, Hitler
frappa.
Tandis que le monde reculait devant l'horreur de six millions de morts,
les Juifs d'Europe continentale qui avaient survécu aux camps de la
mort reçurent une poussée vitale vers leur antique terre natale.
Là où
l'appel du Sionisme avait échoué, les terreurs de l'Allemagne nazie
réussirent,
et les Juifs européens se jetèrent vers le sud pour atteindre la
Palestine par tous les moyens disponibles. Ils traversèrent les eaux de
la Méditerranée orientale dans des bateaux inadaptés, dangereusement
surchargés et, en dépit des tentatives britanniques pour refouler la marée,
souvent par des méthodes rudes et sans scrupules, beaucoup des réfugiés
passèrent. Ils arrivèrent à terre, déferlant au-delà des soldats
britanniques tenus en alerte, pour embrasser la terre pour laquelle ils
combattraient bientôt. L'opinion mondiale se retourna contre les
Britanniques qui terminèrent leur mandat et retirèrent leur
administration en 1948.
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée
Générale des Nations Unies adopta
une résolution appelant à l'établissement d'un État juif dans ce
pays et, le 14 mai 1948 à Tel-Aviv, et contre tout précédent et toute
probabilité historiques, les dirigeants sionistes, avec à leur tête
David Ben Gourion, proclamèrent la renaissance de l'État d'Israël (Ézéch.
37 : 12). Le lendemain, cinq pays arabes envahirent le pays, et apprirent
rapidement la première d'une série d'amères leçons — qu'Israël était
venu pour rester. Certainement, puisque les Sionistes d'avant-guerre
n'avaient pas réussi à persuader leurs frères juifs de retourner en
les « pêchant » avec l'appât d'un renouveau sioniste, les
« chasseurs », brutaux comme ils le furent, avaient fait leur
travail (Jér. 16 : 14-16). Le monde observait en s'interrogeant ; les
Arabes eurent peur et la Russie proféra des menaces, mais tout cela en
vain, car le temps était venu pour D.ieu, de favoriser Sion.